
Après les boulangers, restaurateurs, artisans et toutes les TPE et PME-PMI, voici la pagaille des viticulteurs. Ils ont été asphyxiés, comme eux, par l’inflation stratosphérique de leurs coûts de production : car faire une pomme demande de l’engrais, des traitements, du carburant, de la main d’oeuvre, et des palettes. Christophe Belloc, arboriculteur de Montauban, de l’Association nationale de la poire, détaille, au microEuropéen 1cette inflation dramatique : “Le prix du bois nécessaire à la fabrication de palettes ou de plateaux a doublé. Électricité pour quatre » et “qu’il s’agisse d’engrais ou de diesel pour tracteurs, 30 à 100 % de plus ! »
Mais le malheur pour les arboriculteurs est qu’ils sont pris d’un côté par l’inflation et de l’autre par le bras de fer entre distributeurs. Actuellement, la grande distribution, par la voix des PDG de Lidl ce jeudi, ou Leclerc, se présentent comme un grand allié du consommateur, luttant contre les hausses réclamées par l’industrie agroalimentaire, et il faut répercuter les coûts pour survivre. . Ces grands philanthropes oublient de préciser qu’ils contribuent à la ruine des producteurs en leur imposant des prix d’achat qui les obligent à vendre à perte.
Ce samedi, les arboriculteurs se sont mobilisés pour exprimer leur désespoir et attirer l’attention du gouvernement. Dans le Tarn-et-Garonne et les principaux bassins fruitiers du Vaucluse, le constat est le même, et les images spectaculaires : les arboriculteurs sont contraints d’éradiquer des vergers entiers, désormais non rentables.
Arracher un pommier dans le Tarn-et-Garonne réclamer une augmentation de 20 centimes du prix du kilo pic.twitter.com/CZAOegUu5I
— BFMTV (@BFMTV) 14 janvier 2023
Le besoin des arboriculteurs pour survivre est simple : 20 centimes de plus le kilo, comme l’explique Françoise Roche, cette arboricultrice de Moissac. France 3ce qui pointe un autre gros problème pour les fruits français, la concurrence étrangère déloyale : « Des pays comme la Pologne ou l’Italie sont capables de produire beaucoup moins cher que nous, dans des conditions sociales bien pires qu’en France, dans des conditions de production qui n’ont rien à voir avec la France. »
Actuellement, le gouvernement semble n’avoir aucun abonné. Sur Twitter, le député RN Grégoire de Fournas, qui est lui-même vigneron, n’a pas manqué de rappeler le rôle de la concurrence étrangère :
Si les producteurs arrachent leurs vergers, c’est aussi à cause de la concurrence étrangère. Lors de la révision de la loi #Descrozaille, je défends le localisme et la protection de notre agriculture contre la concurrence étrangère. https://t.co/gUQ8JcUZbA
— Gergély Fournas (@gdefournas) 14 janvier 2023
L’éradication de vergers entiers est une nouvelle manifestation du déclin français et de la crise économique et sociale qui s’annonce dévastatrice : l’arboriculture française a perdu 40 % de ses vergers en vingt ans ! L’équivalent de la surface de quarante terrains de football par mois…
En France, l’équivalent de 40 terrains de football en fruits est extrait chaque mois. Jusqu’à la disparition totale du verger français ? #payer le producteur pic.twitter.com/ygA0cLIMT1
— CSFL (@csfldefrance) 14 janvier 2023
Dans ce secteur comme dans d’autres, la crise actuelle ne fait que mettre en lumière les graves erreurs économiques des vingt à trente dernières années. Espérons que ces images choquantes réveilleront enfin les consommateurs, les grossistes et le gouvernement.
1ère coupe dans les vergers des Alpes. Des produits Apple reconnus pour leur qualité, qui disparaîtront demain s’il n’y a pas de changement dans les pratiques de la grande distribution. + #20 centimes #payer le producteur pic.twitter.com/gIX8H6NMRm
— CSFL (@csfldefrance) 14 janvier 2023